En tant que Ville d’arts, de culture et de savoir, il va sans dire que notre histoire fait partie intégrante de la richesse de Sainte-Thérèse. Pour le visiteur autant que pour le citoyen, les attraits patrimoniaux de la Ville sont fascinants et méritent qu’on s’y attarde. Vous trouverez ici une panoplie d’informations sur l’héritage thérésien que nous côtoyons au quotidien.
C’est le nom d’Émilie-Hortense Ferrière qui apparaît en premier dans la liste des propriétaires du lot 229 sur la rue Blainville en 1838. Alors veuve du notaire Joseph-Ignace Leclair (notaire à Sainte-Thérèse de 1823 à 1838 et décédé le 1er avril 1838, à l’âge de 40 ans), dame Hortense Ferrière vend le terrain d’une superficie d’un demi-arpent au docteur Joseph Lachaîne le 27 octobre 1838.
Fils du charpentier François Lachaîne et de Geneviève Louineau, de Montréal, le docteur Joseph-Benjamin Lachaîne est né dans le faubourg Saint-Laurent de Montréal le 20 novembre 1809. Après des études au collège de Montréal, le docteur Lachaîne poursuit sa formation médicale et débute comme médecin en mai 1834 à Sainte-Thérèse.
Il a comme compagnon de classe le jeune Jean-Olivier Chénier, celui-là même qui deviendra chef de la révolte des Patriotes et qui mourra par balles dans l’église de Saint-Eustache le 14 décembre 1837. Le docteur Lachaîne s’implique lui aussi comme patriote dans la rébellion du Bas-Canada (Québec actuel) en 1837-1838. Pendant que Colborne se rend à Saint-Eustache pour mater la rébellion, Maitland dirige l’un des régiments du « vieux brûlot » avec instruction de passer par Sainte-Thérèse avec le tisonnier pour mettre un terme aux activités subversives impliquant le docteur Joseph Lachaîne. Maitland passe donc par le Séminaire de Sainte-Thérèse, où son fondateur le curé Charles-Joseph Ducharme réussit à le convaincre de passer outre et d’épargner des flammes les habitants de Sainte-Thérèse.
Marié à Virginie Delannay le 27 octobre 1835 à Saint-Jean, et alors père de 11 enfants, le docteur Lachaîne canalise ses énergies en vue d’obtenir la proclamation du statut officiel du village de Sainte-Thérèse-de-Blainville. Outre ce dernier, les cosignataires de la requête sont les notaires Louis Marteau (représentant au Conseil des paroisses du comté de Terrebonne de 1847 à 1849) et Paul Filiatrault, tous de Sainte-Thérèse. Les trois hommes sont considérés comme les trois pères du village de Sainte- Thérèse, qui a été nommé ainsi le 1er juin 1849. Ceci amène le docteur Lachaîne à se porter candidat à la mairie, poste qu’il occupe comme 4e maire du village de Sainte-Thérèse de juillet 1855 jusqu’en mai 1859; les trois premiers maires ont été John Lonergan, Pierre Labelle et Abraham Dubois. On note la participation aussi de madame Lachaîne à la vie religieuse térésienne alors qu’elle touche en tant que musicienne l’orgue de l’église de Sainte-Thérèse. Par ailleurs, on sait également qu’en 1858, le docteur Joseph Lachaîne est registraire du comté de Terrebonne, commissaire d’écoles et commissaire des petites causes.
En 1855, le Dr Lachaîne acquiert un vaste domaine agricole à Saint-Adèle et rejoint ainsi son ami Augustin-Norbert Morin, qui fût député de Terrebonne de 1856 à 1861. Cette acquisition en fait le plus grand propriétaire foncier de l’époque dans les Laurentides. Il reprend du service en politique municipale comme maire de Saint-Adèle, de 1865 à 1872.
L’honorable Léandre Dumouchel (1811-1882) vend le lot 229 sur la rue Blainville (ouest) au bourgeois Toussaint Lecompte, de Sainte-Thérèse, le 21 octobre 1878. Au décès de sa veuve, Marceline Tessier-Lecompte, en 1904, les enfants Maria et Arthur louent la propriété du lot 229 à la Banque Molson, représentée par le gérant général James Elliot. En vertu d’un bail de trois ans, signé le 7 février 1905, au prix de 20 $ par mois, la banque s’installe à Sainte-Thérèse le 8 mai 1905.
Quelques années plus tard, la veuve et la fille d’Arthur Lecompte, Marie-Ida Joubert et Blanche Lecompte, vendent le lot 229 à Ernest Lemoyne, officier de la Banque d’Hochelaga de Montréal. Ce dernier revend la propriété le 5 octobre 1910 à la Banque Molson, au prix de 5 200 $.
La Banque Molson demande à l’architecte montréalais Philip J. Turner de préparer des plans pour la rénovation de l’immeuble en 1911. Les photographies de l’époque montrent une magnifique galerie ornée de nombreuses colonnes en bois, qui témoignent des travaux effectués à l’immeuble en 1912. La Banque Molson fusionne avec la Banque de Montréal le 28 mai 1925, ce qui permet à cette dernière de s’installer dans l’immeuble du 37 Blainville ouest jusqu’en février 1966.
Le 4 juin 1973, la Banque de Montréal cède la maison à la Ville de Sainte-Thérèse, à la condition qu’elle serve à des fins culturelles et municipales. La maison sert donc de mairie à compter de 1973, avant d’être rénovée en 1981 et dédiée au domaine socio-culturel sous le nom de Maison Lachaîne, du nom du quatrième maire thérésien. La maison est aujourd’hui un lieu de diffusion pour des activités culturelles permettant aux citoyens de découvrir l’art sous toutes ses formes : musique, arts visuels, métiers d’art, patrimoine, médiation culturelle et bien d’autres.
La présence des familles d’origine anglo-saxonne est importante à Sainte-Thérèse depuis le début du XIXe siècle. Les Morris sont une de ces grandes familles dont la présence a marqué l’histoire. On distingue le Castel Morris des autres édifices du Village par son architecture anglaise remarquable. Il s’agit d’un exemplaire unique en sol térésien de la maison bourgeoise anglaise.
La maison est construite en 1813 avec des matériaux de première qualité. C’est l’homme d’affaires Thomas Porteous qui en est le premier propriétaire. De descendance écossaise, Porteous est un homme important dans la région. En plus du manoir, il possède une fabrique de potasse pouvant produire 280 barils par saison ainsi qu’une ferme de 30 acres. Son fils James devient un marchand très important dans la région. À une certaine époque, il contrôle même tout le commerce et toute l’industrie de Sainte-Thérèse. Il exploite d’ailleurs une importante distillerie près de son manoir.
Né en Écosse en 1798, John Morris occupe un emploi chez les Molson pendant plusieurs années. En 1839, il est nommé premier maître de poste de Sainte-Thérèse. Quelques années plus tard, à la suite d’une reprise d’entreprise, Morris acquiert la distillerie et le manoir de James Porteous. C’est la naissance du Castel Morris proprement dit.
Le fils de John, David Morris, prend la relève de son père en tant que maître de poste, de 1864 à 1875. Il devient aussi propriétaire de la demeure de la rue Saint-Charles. À cette époque, les habitants de Sainte-Thérèse accordent le titre de manoir seigneurial à la demeure et donnent le titre de seigneur à David et à son fils, William. Ces derniers ne furent jamais « seigneurs » au sens juridique, le régime de seigneurie ayant été aboli en 1854. Ils furent toutefois propriétaires de rentes seigneuriales.
En dépit de leur allégeance à l’Église protestante, les Morris entretiennent des liens importants avec la communauté catholique de Sainte-Thérèse. À la suite de l’incendie qui fait rage en 1881 et jette à la rue les élèves du Séminaire de Sainte-Thérèse, les Morris décident de loger les plus jeunes élèves chez eux. C’est là que ces derniers suivront leurs cours en externat durant les deux années que prend la reconstruction du collège. Plus encore, les filles de David Morris fréquentent le couvent catholique des Dames de la Congrégation de Notre-Dame. Au moins deux des sept filles de David Morris s’établissent d’ailleurs dans la région de Sainte-Thérèse.
Après le départ des Morris, le castel change radicalement de vocation. En 1943, les Chevaliers de Colomb de Sainte-Thérèse, conseil 2015, s’installent dans l’ancien manoir. La demeure retrouve sa vocation de résidence familiale avec l’arrivée de la famille Paul Gagnon, en 1956. Malgré quelques transformations, son identité et son caractère d’origine sont conservés. Aujourd’hui, le castel est devenu un centre professionnel et les propriétaires actuels semblent décidés à préserver les caractéristiques historiques et patrimoniales du lieu.
Après la conquête britannique de 1759, de nombreuses familles protestantes d’Angleterre et d’Écosse immigrent au Canada. À Sainte-Thérèse, les débuts du protestantisme remontent plutôt aux années 1830 avec les grandes familles anglophones dont on retrouve la trace dans les premiers registres : Hettrick, Buchanan, Kimpton, Gilmour, Morris, Millar, Oswald, Hamilton et Dobie.
En 1833, un comité formé des principales familles protestantes de Sainte-Thérèse commence sa recherche afin de trouver un site répondant aux besoins de la célébration du culte. L’année suivante, soit le 4 septembre 1834, un terrain carré d’un demi-arpent de longueur (29 mètres) est acheté au prix de 50 livres sterling. Il faudra toutefois plus de 23 ans avant que la construction d’une église protestante soit complétée.
Les premiers offices religieux ont lieu chez le révérend Brompton dont la demeure était située sur le lot voisin de la chapelle actuelle. Puis, en 1842, les offices se tiennent dans l’une des résidences de John Morris située sur une petite allée maintenant connue sous le nom de rue Saint-Lambert. L’église de la rue Saint-Charles est construite vers 1858.
Le bâtiment a subi peu de transformations au fil du temps, étant dès le départ construit en brique, avec de hauts plafonds et de nombreuses fenêtres. Un oculus (fenêtre circulaire) au-dessus de la porte avant a tout de même été rempli, bien que des traces de celui-ci soient toujours visibles.
Jusqu’en 1912, la portion arrière de l’église sert d’école pour la population protestante de Sainte-Thérèse. Après cette date, les élèves suivent leurs cours dans un bâtiment dédié à l’enseignement et situé tout juste à côté de l’église. En 1945, les élèves réguliers délaissent peu à peu l’édifice de la rue Saint-Charles puisqu’une école protestante est construite à Rosemère. Les leçons de fin de semaine ainsi que les activités communautaires et paroissiales se poursuivent jusqu’à la construction d’une seconde école à Rosemère. La construction de ce nouveau bâtiment met un terme aux activités de l’école protestante de Sainte-Thérèse.
Au moment de sa création, l’Église protestante de Sainte-Thérèse doit partager son pasteur avec les communautés de Saint-Eustache et de Lafrenière (Belle-Rivière). Le pasteur habite une maison située à l’ouest de Saint-Eustache sur le chemin de la Rivière‑Nord. Lorsqu’un nouveau pasteur est nommé en 1872, c’est à la condition qu’il s’établisse à Sainte-Thérèse. Le presbytère (manse) servant de lieu de résidence au pasteur est construit en 1896. Aujourd’hui, cet édifice n’appartient plus à la congrégation depuis plusieurs années et a perdu son intérêt patrimonial, ayant été largement modifié par l’ajout d’un troisième étage.
Le cimetière protestant est situé sur le terrain à l’arrière de l’église. Les premières inhumations y ont lieu vers 1838. De nos jours, seules les familles ayant encore des lots peuvent s’y faire enterrer puisque le cimetière est complet depuis près de 20 ans. On peut notamment y remarquer les monuments des familles Porteous, Millar et Kimpton qui sont à l’origine de la communauté protestante de Sainte-Thérèse.
La communauté protestante de Sainte-Thérèse a vécu de nombreux changements dans son organisation. En 1874, toutes les Églises presbytériennes du Canada, dont fait partie l’Église protestante de Sainte-Thérèse, s’unissent. Par la suite, en 1924, les Églises congrégationaliste et méthodiste se joignent au regroupement qui devient l’Église Unie du Canada (United Church of Canada).
Située au cœur d’une population francophone, la communauté protestante de Sainte-Thérèse a aussi servi, au XIXe siècle, de centre d’activités des protestants français. Les premiers registres paroissiaux sont même partagés par les deux communautés qui y ont noté les naissances, les mariages et les décès.
Depuis les dernières années, l’église du 28, rue Saint-Charles, abrite la communauté protestante anglaise et, depuis 1999, l’Église évangélique Luso-Francophone. Ce regroupement a pris naissance vers 1967, grâce à plusieurs chrétiens d’origine portugaise qui se réunissaient occasionnellement pour étudier la Bible. En 1984, le regroupement prend de l’importance alors que les membres commencent à se rencontrer toutes les semaines. L’Église évangélique Luso-Francophone est créée lors de son installation dans le bâtiment de l’Église unie, en 1999.
Bien qu’ayant développé certains liens d’amitié, l’Église évangélique Luso-Francophone et l’Église unie de Sainte-Thérèse sont complètement indépendantes l’une de l’autre, tant par leur doctrine que par leur direction, leur administration des finances et leurs activités.
Crédit photo : Carte postale « L’église et l’école protestante » SHGMÎ, Collection J. G. Gilles Charron et Pauline Ouimet (C005)
La Maison Joseph-Filion est un des bâtiments les plus anciens du centre-ville de Sainte-Thérèse. Il s’agit en effet d’une des rares résidences de pierre à avoir résisté aux multiples modifications de la trame urbaine. À une certaine époque, on retrouvait plusieurs habitations ayant un toit à deux versants au centre-ville. Aujourd’hui, il ne reste que la Maison Joseph-Filion et sa voisine d’en face, située au 5, rue Blainville Est, pour rappeler l’importante période de développement économique qui a caractérisé la seconde moitié du XIXe siècle à Sainte-Thérèse. Au fil des années, elle a connu de nombreux propriétaires et des fonctions variées.
La maison semble avoir été bâtie durant la décennie 1860, bien que la date exacte de sa construction soit impossible à déterminer, compte tenu de l’absence d’information dans les archives. Toutefois, il est attesté qu’au moment de leur mariage, le 1er février 1872, Marie Labonté et Joseph Filion s’installent dans leur maison de la rue Blainville. À l’époque, un bon nombre de demeures à l’architecture semblable se dressent autour de leur maison, créant une certaine unité architecturale au centre-ville et témoignant de la vitalité économique du noyau urbain formé dans les environs de l’intersection des rues Blainville et Turgeon.
La présence de la famille Filion à Sainte-Thérèse remonte au début de la colonisation de la seigneurie. Il s’agit donc d’une des familles souches de la région. Le recensement de 1861 note la présence de François Filion, forgeron, de sa femme et de leurs sept enfants, dont Joseph. Ce dernier succède à son père et installe sa forge au sous-sol de sa maison. Le forgeron jouait un rôle central dans les communautés du XIXe siècle; il était responsable de la confection de nombreuses pièces utilitaires en fer tout en occupant les fonctions de maréchal-ferrant, de serrurier et de charretier. C’est donc à titre de forgeron que Joseph Filion a laissé sa marque dans l’histoire de Sainte-Thérèse. Il serait d’ailleurs le créateur des trois croix qui ornent le clocher et les clochetons de l’église Sainte-Thérèse-d’Avila. La présence d’une forge a aussi laissé des traces encore visibles sur le bâtiment. Sur la façade est, l’ancienne ouverture pour laisser entrer les chevaux est encore visible avec la présence d’un linteau de bois dans la maçonnerie. À l’intérieur, le feu de forge est encore conservé et mis en valeur, rappelant l’ancien usage de la maison.
Ayant perdu plusieurs enfants à la naissance ainsi qu’une fille âgée de cinq ans, le couple Filion-Labonté reste sans descendance. En 1900, ils cèdent ainsi leur terrain aux Sœurs de la Providence, en plus de leur donner une somme de 500 $ afin d’être logés par la communauté à l’Hospice Drapeau pour le reste de leur vie.
Jusqu’en 1913, la résidence est utilisée comme école pour les jeunes filles orphelines résidant à l’Hospice Drapeau. De 1913 à 1925, l’école devient le Jardin de l’Enfance et accueille des élèves sur ses trois étages. En 1925, l’Académie Sainte-Thérèse, située sur le terrain voisin, ouvre ses portes et les élèves y sont transférées. Après cette date, la maison occupe une grande variété de fonctions communautaires : maison d’accueil, Caisse populaire, logement, salon funéraire, Vestiaire des pauvres et Centre de jour pour alcooliques et toxicomanes.
L’Hospice Drapeau, devenu le Foyer Drapeau au cours du XXe siècle, passe sous la tutelle du ministère des Affaires sociales du Québec en 1979. La Maison Joseph-Filion devient alors la propriété de la Corporation d’hébergement du Québec. La Société d’histoire et de généalogie des Mille-Îles, responsable de la conservation de l’édifice dans son état actuel, y tient son siège social et y a ouvert un musée en 1989. L’édifice est aujourd’hui la propriété de la Société d’habitation du Québec et la visite du musée permet d’en apprendre davantage sur le bâtiment et sur l’histoire de la région.
Cet ancien édifice municipal de la rue Blainville a eu plusieurs vocations depuis sa construction. Son emplacement en plein cœur du Village de Sainte-Thérèse a toujours permis son utilisation à des fins publiques et communautaires.
Cet immeuble a longtemps été associé à la Place du marché. Au départ, il s’agit d’un édifice en bois. Pendant quelque temps, il sert aux élèves les plus âgés du Séminaire de Sainte-Thérèse et en 1855, le conseil municipal commence à y tenir ses séances. Afin de répondre aux besoins changeants de la municipalité, un nouvel édifice en brique est construit en 1877. Au début du XXe siècle, de nombreux commerçants occupent tour à tour les lieux.
Une importante série de rénovations est entreprise en 1960 pour accueillir le poste de police et de pompiers, de même que l’hôtel de ville de Sainte‑Thérèse. Les services d’urgence quittent les lieux vers 1975, alors que les services administratifs de la Ville quittent à leur tour en 1982.
En mai 1982, le conseil municipal de Sainte-Thérèse nomme l’ancien hôtel de ville Centre des arts visuels J.-Olindo-Gratton, en l’honneur de ce sculpteur thérésien qui a fait sa marque au Canada et aux États-Unis.
Fils de François-Xavier Gratton et de Rose-Hortense Filiatrault, Joseph-Olindo Gratton voit le jour le 23 novembre 1855 à Sainte-Thérèse. Il entreprend ses études au Séminaire de Sainte-Thérèse en 1869. À 17 ans, il s’engage comme apprenti à Montréal pour étudier les arts d’ornementation auprès de Charles‑Olivier Dauphin, un artiste de grande réputation. En 1881, une fois son apprentissage terminé, Joseph-Olindo Gratton entre à l’atelier de Philippe Hébert, un célèbre sculpteur canadien. Il s’agit en fait d’un grand privilège puisqu’au cours de sa carrière, Hébert n’a employé que deux sculpteurs et l’un d’eux est Joseph-Olindo Gratton.
Auprès de Philippe Hébert, il perfectionne ses techniques et obtient de nombreux contrats. Il travaille notamment pour la cathédrale d’Ottawa, l’église Notre-Dame de Montréal et les églises du Cap-de-la-Madeleine. Gratton réalise aussi deux Christs en croix plus grands que nature pour les églises Sainte-Catherine de Montréal et Sainte-Madeleine d’Outremont. Sa réputation grandit et ses œuvres sont distribuées dans l’ensemble de l’Amérique.
Lorsque Philippe Hébert part pour Paris en 1887, Gratton prend sa relève en tant qu’enseignant; emploi qu’il occupe pendant sept ans. Il revient s’installer à Sainte-Thérèse en 1901 et s’établit au 46, rue Dubois. Il continue alors à sculpter pour les églises de la région. Il meurt le 14 novembre 1941, à l’âge de 86 ans.
Malgré son excellente réputation et sa très grande production, Joseph-Olindo Gratton n’a malheureusement pas obtenu une énorme reconnaissance posthume. Ses œuvres sont toujours exposées dans de nombreux lieux religieux du Québec et de l’Amérique, mais c’est à Sainte-Thérèse qu’on peut voir une œuvre profane importante de Gratton. Il s’agit du monument dédié au fondateur du Séminaire de Sainte-Thérèse, Charles-Joseph Ducharme, toujours situé à son emplacement d’origine devant le Collège Lionel-Groulx.
Pour rendre hommage au sculpteur, la Ville de Sainte-Thérèse a renommé le bâtiment du 34, rue Blainville Ouest le Centre des arts visuels J.-Olindo-Gratton. Pendant plusieurs années, le Centre a accueilli des artistes professionnels par l’intermédiaire du centre d’artistes Praxis art actuel. En 2016, l’édifice fut vendu afin d’occuper des fonctions commerciales.
Crédit photo : Photographie monochrome « Hôtel de ville » SHGMÎ, Collection J. G. Gilles Charron et Pauline Ouimet (C005)
Aujourd’hui connu sous le nom de Collège Lionel-Groulx, ce bâtiment et les institutions qui y ont pris naissance occupent une place importante dans l’histoire thérésienne, puisque celle-ci est intimement liée au développement de ces établissements d’enseignement. Depuis 1979, le bâtiment du Séminaire et l’oratoire Saint-Joseph sont reconnus comme monuments historiques par le gouvernement du Québec.
C’est en 1825 que s’amorcent les activités d’enseignement sur le site du Séminaire de Sainte-Thérèse. Le curé de la paroisse, Charles-Joseph Ducharme, a acheté l’année précédente une maison de ferme située à l’emplacement actuel du Collège Lionel-Groulx. C’est dans le grenier de cette résidence de pierre que sont donnés les premiers cours du Séminaire de Sainte-Thérèse. L’espace étant devenu trop restreint pour accueillir tous les élèves, le curé Ducharme fait construire deux nouvelles ailes entre 1830 et 1835.
Dès 1834, l’édifice et ses nouvelles parties sont entièrement peints en jaune, ce qui vaut sa nouvelle appellation au Séminaire : le Collège jaune. Au cours de la décennie 1840, des discussions sont entamées avec l’évêque de Montréal, Mgr Bourget, afin de décider si le Séminaire pourra accueillir les enfants qui ne sont pas destinés au sacerdoce. Au terme des réflexions, le Séminaire devient officiellement le premier Petit Séminaire diocésain du diocèse de Montréal. L’accueil de tous les enfants devient permis, alors que ceux voués au sacerdoce sont les seuls à porter la soutane. La Corporation du Séminaire est créée pendant les années 1844 et 1845 pour assurer la gestion de l’établissement.
Rapidement, les locaux deviennent insuffisants pour répondre aux besoins d’enseignement et un nouvel immeuble de cinq étages est construit. Cet immeuble peut loger plus de 150 personnes et il remplace le « Collège jaune ». Ce dernier n’est toutefois démoli qu’en 1861.
En 1862, l’importance du Séminaire est telle qu’il s’affilie à l’Université Laval de Québec. Son développement se poursuit ainsi jusqu’au 5 octobre 1881, date à laquelle le bâtiment du Séminaire est détruit par un incendie. Les 204 élèves sont alors hébergés par les habitants et les cours sont donnés dans différents locaux du village.
Pendant ce temps, les anciens élèves et de nombreux particuliers de partout au pays fournissent un appui financier afin de permettre la reconstruction de l’établissement d’enseignement. Le nouvel édifice construit en pierre est inauguré en 1883.
En 1888, on érige, à l’avant, un oratoire de style gothique consacré à saint Joseph. Celui-ci sert aussi de lieu de sépulture au fondateur du Séminaire de Sainte-Thérèse, Charles-Joseph Ducharme. En 1896, 1911, 1953 et 1958, le Séminaire subit d’importants travaux d’agrandissement qui donnent sa forme au Collège actuel.
En 1967, les cégeps sont créés au Québec afin de favoriser l’accès de tous les Québécois aux études supérieures. Ainsi, la Corporation du Séminaire de Sainte-Thérèse vend tous ses biens au Collège Lionel-Groulx en 1969. Le nouvel établissement est ainsi nommé en l’honneur du chanoine Lionel-Groulx, historien et auteur québécois qui a fréquenté le Séminaire de Sainte-Thérèse.
Un oratoire est une chapelle où est invoquée la protection d’une divinité. Plus précisément, il est voué à la prière à un saint, souvent représenté par une statue ou une plaque à son effigie. De nombreuses années avant l’inauguration de l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal, un oratoire dédié à saint Joseph est construit à l’avant du Séminaire de Sainte-Thérèse. Cette petite chapelle obtient le statut de monument historique en 1979, au même moment que le Séminaire.
En 1881, un important incendie détruit le Séminaire de Sainte-Thérèse. Après la reconstruction de l’établissement d’enseignement, un oratoire est érigé afin d’exprimer la gratitude du Séminaire envers les généreux donateurs ayant permis de mener les travaux à terme. Les architectes Poitras et Roy, responsables des plans du nouveau séminaire, seraient aussi responsables de la construction de l’oratoire. La dévotion à saint Joseph peut s’expliquer par l’important rôle joué par le curé Charles-Joseph Ducharme, fondateur du Séminaire de Sainte-Thérèse. Le corps du curé Ducharme est inhumé dans la chapelle au moment de sa construction. Une plaque de marbre indique d’ailleurs Ossa C.-J. Ducharme, ce qui signifie « Ossements de C.-J. Ducharme ».
Né à Lachine le 10 janvier 1786, Charles-Joseph Ducharme est le fils du capitaine de milice Dominique Ducharme et de Marguerite Charlebois. Il fait ses études au Collège de Montréal où il se fait remarquer par ses maîtres en raison de ses aptitudes en littérature et de son esprit vif. Il entre ensuite au Séminaire de Québec où il suit des cours en théologie. Ordonné en octobre 1814, il est vicaire pendant deux ans à Saint-Laurent, près de Montréal, avant d’être nommé curé de Sainte-Thérèse.
Homme d’Église très dévoué, le curé Ducharme travaille ardemment à unir les différentes familles et les groupes sociaux qui forment la paroisse Sainte-Thérèse-d’Avila à ses débuts. Plus encore, il veut donner à ses paroissiens une église, un presbytère ainsi que des lieux d’enseignement à la hauteur de leurs besoins. De 1816 à 1825, il tente d’affaiblir l’effet des écoles protestantes sur sa population alors que de nombreux catholiques souhaitant s’instruire commencent à fréquenter ces établissements. Il réalise son objectif et met sur pied le premier Séminaire en 1824.
En plus du Séminaire, le curé Ducharme désire aussi mettre en place une école pour filles. Il doit toutefois attendre jusqu’au 9 mars 1847 avant que le couvent de Sainte-Thérèse ne soit ouvert, sous l’égide des Dames de la Congrégation de Notre-Dame. Les paroisses Saint-Augustin et Saint-Janvier, aujourd’hui situées sur le territoire de Mirabel, sont aussi créées sous son ministère.
Sur le plan personnel, Charles-Joseph Ducharme s’applique à aider le développement économique de la région en s’intéressant particulièrement à l’industrie des moulins à farine et des scieries. Il encourage aussi l’épanouissement des jeunes qui l’entourent. C’est d’ailleurs à lui que l’on doit l’intérêt de Joseph Casavant pour la musique et la construction d’orgues. Enfin, il partage le mode de vie de ses paroissiens en vivant pauvrement, se privant de nourriture et de biens matériels.
En 1849, le curé Ducharme est épuisé et souffre d’une violente attaque de paralysie. Il remet sa démission à Mgr Bourget et est remplacé par l’un de ses premiers élèves, Joseph Duquet.
En 1852, alors qu’il séjourne à Ottawa, il est terrassé par une seconde et violente attaque de paralysie. Ramené rapidement à Sainte-Thérèse le 25 mars 1853, un Vendredi saint, il rend l’âme dans les bras de son successeur et ami, Joseph Duquet, à l’âge de 67 ans. Son corps est d’abord déposé dans le caveau de l’église paroissiale avant d’être déplacé dans l’oratoire en 1888.
Les fondations en pierre de l’oratoire ont été rénovées au cours de l’automne 2000 et des verrières ont été installées dans les fenêtres au cours de l’automne 2002. Aujourd’hui, une nouvelle restauration est nécessaire.
L’église Sainte-Thérèse-d’Avila joue un rôle central dans l’histoire de la communauté. D’abord, son intérêt architectural lui procure une valeur patrimoniale incontestable. Plus encore, sa valeur repose sur l’importance qu’elle prend dans son environnement; son clocher qui surplombe les bâtiments environnants constitue un point de repère important et signale la présence de la paroisse. L’église domine un ensemble institutionnel catholique formant le cœur du village. La Ville de Sainte-Thérèse a d’ailleurs reconnu l’importance de l’église en lui accordant, en 1987, le statut de monument historique cité selon la Loi sur les biens culturels.
La paroisse de Sainte-Thérèse est fondée en 1789 après plus d’une dizaine d’années de demandes de la part du seigneur Lamarque, responsable de la seigneurie de Blainville. Un premier presbytère-chapelle est alors construit afin de permettre aux paroissiens de se recueillir à l’occasion des célébrations religieuses. Cette église était construite en bois et se trouvait à peu près à l’angle actuel des rues de l’Église et Saint-Charles. La même année, un cimetière paroissial est inauguré autour de l’église.
En 1807, le bâtiment étant devenu trop petit pour recevoir toute la population, une nouvelle église est érigée. Contrairement à la première, elle était construite en pierre et selon un plan en croix latine. Une flèche ornait à l’origine chacun des deux clochers. Toutefois, en 1865, une tornade cause beaucoup de dommages à l’église, abattant une des deux flèches au passage. La seconde flèche est enlevée quelque temps après. Un deuxième cimetière est aussi ouvert en 1809, près de la nouvelle église, pour répondre aux besoins grandissants de la population.
Le 6 janvier 1885, après environ 80 années d’utilisation, un important incendie ravage complètement la seconde église en pleine messe. Une statue de la Vierge en carton pressé est récupérée des décombres après le sinistre. Celle-ci est encore conservée dans l’église actuelle à l’autel de la Vierge. Des chapelles temporaires sont construites en attendant l’ouverture de la nouvelle église. Cette même année, on note aussi l’ouverture du cimetière de la rue Coursol. Il s’agit du troisième cimetière de la paroisse et, après de multiples agrandissements, il est toujours utilisé aujourd’hui.
C’est à Noël 1887 qu’est ouverte l’église actuelle. Il s’agit d’une réalisation des architectes Perrault et Mesnard témoignant de l’importance qu’occupe l’éclectisme dans l’architecture religieuse au Québec. L'éclectisme est un assemblage d'éléments architecturaux et ornementaux puisés dans les divers styles historiques qui sont associés plus librement, dans une recherche de monumentalité et d'effets visuels nouveaux. Ainsi, les ouvertures cintrées et les lésènes témoignent de l’influence néoromane tandis que la rose, le gâble (type de fronton) et les pinacles renvoient au vocabulaire gothique. L'ornementation concentrée essentiellement sur la tour et sur le clocher traduit également la recherche de monumentalité propre à l'architecture éclectique.
Il est intéressant de noter l’important mouvement de verticalité conféré au bâtiment par la flèche du clocher et les deux clochetons. Ce mouvement est par ailleurs augmenté par l’emplacement de l’église sur un terrain surélevé. Les croix ornant le clocher et les clochetons seraient l’œuvre du forgeron thérésien Joseph Filion. De plus, pour souligner les éléments architecturaux, les concepteurs ont choisi de combiner l’utilisation de la pierre de taille et de la pierre à bosses. La façade présente quelques éléments architecturaux d’intérêt : une porte à double vantail, un tympan vitré, un gâble, une rose et des lésènes.
C’est l’équipe d’architectes responsable de l’extérieur qui aurait aussi conçu l’intérieur de l’église. La décoration intérieure incluait à l’époque une chaire, un baldaquin et un grand lustre, à l’image des grandes cathédrales européennes. Le sculpteur thérésien Joseph‑Olindo Gratton a réalisé une sculpture de Sainte-Thérèse qui se trouve toujours dans l’église. En 1888, le célèbre Eusèbe Brodeur a construit l’orgue.
Au cours de la décennie 1960, l’influence du concile Vatican II se fait sentir à Sainte-Thérèse alors que le baldaquin et la chaire sont démolis. On effectue alors de nombreuses rénovations à la décoration intérieure. L’église est toujours utilisée par les paroissiens de Sainte-Thérèse et présente un décor qui marie habilement les vestiges de sa construction aux éléments modernes du XXe siècle. De nombreuses célébrations y ont toujours lieu et le cœur du village vit au rythme des cloches qui résonnent encore pour annoncer ces évènements.
Aucun citoyen ou visiteur ne peut ignorer la présence de l’imposante flèche de l’église dans le ciel de Sainte-Thérèse. Peu de gens toutefois connaissent le joyau qui se cache à l’intérieur de l’édifice. Depuis 1888, un orgue de 3000 tuyaux fait partie de la vie des paroissiens, soulignant les fêtes et les occasions de joie autant que les périodes de deuil. Unique dans la région, l’instrument mérite d’être davantage vu et connu.
Le curé Charles-Joseph Ducharme fait installer un orgue dans son église en 1830. Cet instrument est l’œuvre d’un immigrant français, le sieur Jean-Baptiste Jacotel. À la demande du curé Ducharme, Joseph Casavant y aurait par la suite apporté quelques modifications. Cet ouvrage constituerait ainsi le premier contact du célèbre facteur d’orgues avec le métier qui allait le faire connaître. Originaire de Saint-Hyacinthe, Joseph Casavant est venu à Sainte-Thérèse à l’âge de 27 ans pour y apprendre le latin. Malheureusement, l’incendie de 1885 détruit l’église et l’orgue fait partie des pertes. Une chapelle temporaire est construite et Eusèbe Brodeur, un facteur d’orgues de Saint-Hyacinthe, fournit un harmonium pour les célébrations. Les travaux de construction de la nouvelle église rendent nécessaire la commande d’un nouvel orgue.
Eusèbe Brodeur entre comme apprenti chez Joseph Casavant en 1860. Ils travaillent ensemble pendant quelques années, jusqu’à la retraite de Casavant, qui confie alors l’entreprise à Eusèbe Brodeur. Après la mort du maître, Brodeur devient tuteur des deux fils de Casavant, Samuel et Claver, leur transmettant ses connaissances héritées de leur père.
En 1886, le curé Charlebois commande à Eusèbe Brodeur un orgue pour l’église Sainte-Thérèse-d’Avila qui est alors en construction. Il s’agit d’un instrument superbe de style romantique comportant 32 jeux. Trois des jeux sont réalisés par Aristide Cavaillé-Coll, l’un des plus grands facteurs d’orgues de l’époque en France. Au moment de l’ouverture de l’église, cet orgue est un des plus imposants de la région.
Dès 1911, l’orgue est équipé d’une soufflerie électrique. Puis, une importante entreprise de restauration est mise en œuvre par la célèbre facture de Casavant et Frères en 1925. Les 32 jeux sont conservés alors que 15 nouveaux sont ajoutés. Une console neuve est aussi installée. On compte maintenant 3 118 tuyaux de bois ainsi qu’en alliage de plomb et d’étain. Une plaque fixée sur la console indique : Casavant Frères, 1925. On ne trouve nulle part la mention du premier facteur et de la véritable date de construction, soit Eusèbe Brodeur, en 1888.
En 1970, François Caron effectue d’importants travaux d’entretien et de réparation sur l’instrument. L’orgue est aujourd’hui en excellent état et constitue un bien d’une importance immense pour la fabrique, mais aussi pour toute la population de Sainte-Thérèse et des Basses-Laurentides. Sa musique anime encore les célébrations, pour le plus grand bonheur des paroissiens.
Jusqu’en 1889, le verger du Séminaire de Sainte-Thérèse se trouve sur le terrain actuel du Centre d’hébergement Drapeau-Deschambault et c’est la Corporation du Séminaire qui est responsable de la gestion de ce grand espace de verdure au cœur du village de Sainte-Thérèse. Au début des années 1890, une partie du verger est cédée par le Séminaire afin de permettre la construction d’un édifice à vocation communautaire destiné aux soins de santé. Au fil du temps et du développement de ce bâtiment, la vocation de cet espace a toujours été conservée.
L’Hospice est officiellement fondé en juillet 1892, à la suite des démarches de l’abbé Antonin Nantel, supérieur du Séminaire de Sainte-Thérèse, et des curés Charlebois et Vaillancourt, responsables de la paroisse Sainte-Thérèse-d’Avila. Fabien Drapeau a toutefois joué un rôle important en s’associant activement aux requêtes des autorités religieuses.
Orphelin dès sa naissance, Fabien Drapeau est recueilli par les Sœurs de la Charité de Montréal (Sœurs Grises); il s’agit là d’une faveur qu’il n’oubliera jamais. Fabien Drapeau devient entrepreneur en plomberie et connaît une vie professionnelle très prospère. N’ayant pas eu d’enfant, il décide de mettre sa fortune au service d’une œuvre de bienfaisance. Peu avant son décès en 1889, il a pris soin de remettre la somme de 17 000 $ au curé Charlebois afin de permettre la construction de l’hospice.
Après de nombreux entretiens avec les Sœurs Grises de Montréal, la mission de Sainte-Thérèse est finalement confiée à la communauté des Sœurs de la Providence. Les religieuses fondatrices arrivent le 27 juillet 1892 et la mission est officiellement inaugurée le 4 août de cette même année. L’établissement se nommait alors Hospice Saint-Joseph. À la demande de nombreux citoyens, le nom est changé pour Hospice Drapeau, en mémoire du fondateur Fabien Drapeau.
Pour respecter la volonté de Fabien Drapeau, les religieuses responsables de l’Hospice Drapeau s’occupent des personnes âgées ou handicapées, des orphelines et des pensionnaires, tout en assurant la visite des pauvres à domicile. Un lien important unit l’Hospice Drapeau au Séminaire de Sainte-Thérèse. En effet, les sœurs gardent en pension les écoliers qui doivent prendre leur repas en dehors du Séminaire, et ce, en reconnaissance du don du terrain par la Corporation du Séminaire.
Au fil des années, les tâches assumées par les religieuses deviennent de plus en plus importantes, rendant nécessaires certaines modifications au mode de fonctionnement de l’établissement. Par exemple, l’Association des Dames de la Charité à Sainte-Thérèse est créée afin d’aider les Sœurs de la Providence dans leur mission d’aide à domicile. De plus, de 1907 à 1935, l’Hospice obtient le titre d’hôpital en ouvrant un département comprenant une salle de chirurgie et des chambres destinées aux malades ayant subi une opération.
Pendant cette période de gestion par les religieuses, le bâtiment subit aussi de nombreuses modifications. Au moment de sa construction, il s’agit d’un édifice en brique rouge de 18 mètres sur 30,5 mètres (60 pi sur 100 pi) comportant quatre étages, incluant les mansardes. Dès la fin de 1892, la construction d’une buanderie est démarrée. Au cours de la première moitié du XXe siècle, d’autres transformations sont apportées au bâtiment, mais c’est en 1963 qu’est amorcé le plus grand projet d’agrandissement de l’hospice qui reçoit alors le nom de Foyer Drapeau. Le nombre de patients pouvant être admis à l’époque est plus que doublé grâce à cet agrandissement.
Dès 1975, des employés laïcs remplacent peu à peu les religieuses aux postes de gestion de l’établissement. En 1977, les dernières religieuses quittent le Foyer Drapeau et c’est une laïque qui en assure la direction. Deux ans plus tard, le ministère des Affaires sociales prend en main l’établissement et donne le feu vert à la construction d’une aile adjacente au centre d’accueil destinée aux soins prolongés. L’endroit porte maintenant le nom de Centre d’hébergement Drapeau-Deschambault. C’est le nom du docteur Hormisdas Deschambault qui a été ajouté à celui de Fabien Drapeau. Le docteur Deschambault a été médecin à Sainte-Thérèse de 1897 à 1950. Il était considéré comme le « docteur des pauvres ».
La construction de cette résidence remonte au début du XXe siècle, bien que la date exacte n’ait pu être déterminée à partir des archives régionales. Elle appartient, jusqu’en 1912, à l’homme d’affaires thérésien Alexandre Hogue. Son fils, Ovila Hogue fut d’ailleurs échevin de la Corporation du village de Sainte-Thérèse en 1917 et 1919, puis maire en 1921.
En 1962, la maison est achetée par la Corporation du Séminaire au coût de 18 000 $. Ce bâtiment devient alors le Pavillon Marie-Thérèse, une annexe au Séminaire de Sainte-Thérèse pour l’enseignement aux jeunes filles destinées au cours classique.
Après la vente des bâtiments du Séminaire au gouvernement du Québec vers 1969, le pavillon est rebaptisé par un membre du clergé. Il prend alors le nom de l’Abitation, en référence au premier établissement construit par Champlain à Québec en 1608. Ce bâtiment servait à loger Champlain et ses hommes, en plus de servir d’entrepôt pour les provisions et les armes. La graphie du XVIIe siècle a été conservée, pour ensuite devenir la Maison l’Abitation.
Entre 1969 et 2005, l’Abitation accueille les scouts de la région ainsi que le Camp Quatre Saisons. Au moment de l’acquisition du bâtiment par la Ville de Sainte-Thérèse, celle-ci effectue de nombreux travaux de mise aux normes pour la tenue de réunions et d’activités destinées aux organismes culturels et à la population thérésienne.
Le bâtiment accueille pendant quelques années les bureaux du Service des arts et de la culture de la Ville de Sainte-Thérèse et les citoyens y suivent une grande variété d’ateliers culturels. À la suite de sa vente en 2016, la Maison l’Abitation retrouve un usage résidentiel.
L’année 1872 est une année charnière pour le développement local de Sainte-Thérèse, alors que commence réellement son histoire ferroviaire. En effet, le projet du train du Nord, lancé par le curé Antoine Labelle, prend forme et inclut un passage à Sainte-Thérèse. Les habitants du village et de la paroisse de Sainte-Thérèse voient un grand avantage dans le fait d’avoir des embranchements du chemin de fer de la colonisation sur leur territoire. Les deux municipalités décident donc de fournir un appui financier au projet en promettant un montant de 12 000 $ pour soutenir la construction de la voie ferrée.
La nouvelle voie ferrée terminée, on inaugure le premier passage du train de Hochelaga à Sainte-Thérèse le 19 août 1876. La locomotive, qui porte le nom du curé Antoine Labelle, fait son entrée dans le village de Sainte-Thérèse remorquant un convoi de 700 touristes avides de découvrir Sainte-Thérèse. Un convoi similaire avec autant de passagers est attendu la semaine suivante. La première liaison entre Montréal et Saint-Jérôme de la compagnie Québec, Montréal et Occidental a officiellement lieu le 9 octobre 1876. Le train s’arrête alors dans plusieurs gares : Mile-End, Sainte-Rose, Sainte-Thérèse et Saint-Janvier.
À cette époque, les gares n’étaient que des bâtiments temporaires. Ce n’est que quelques années plus tard que les gares permanentes ont été construites. À Sainte-Thérèse, c’est William Lonergan qui, en 1876, devient le premier chef de gare.
Vers la fin du XIXe siècle, la région de Saint-Eustache devient de plus en plus active et se développe rapidement. La demande pour des biens de consommation provenant de la métropole devient donc plus importante. De la même manière, les produits des nombreux cultivateurs doivent être transportés vers la ville. Pendant la période estivale, les chalands sur la rivière des Mille Îles permettent le transport de toutes ces marchandises. Toutefois, il devient nécessaire de trouver une solution plus efficace et économique à cette situation. Le réseau routier entre Montréal et la Rive-Nord étant défaillant, cette possibilité ne peut être envisagée.
Le seigneur Charles-Auguste-Maximilien Globensky (Saint-Eustache) imagine donc la création d’un chemin de fer qui relierait Saint-Eustache à Sainte-Thérèse, puis à Montréal. Quatre mois suffisent à la construction de ce tronçon inauguré en juin 1882. À ce moment et grâce à la jonction des deux lignes de train, Sainte-Thérèse devient alors l’un des plus importants carrefours ferroviaires au Québec. Mais le service prend fin en 1940, en raison de l’amélioration du réseau routier et de l’augmentation de l’utilisation des autobus.
Il faut attendre plus de 25 ans avant que des bâtiments de services permanents soient érigés à la gare de Sainte-Thérèse. En 1909, on érige un quai de marchandises, un hangar et des pompes. En 1925, des remises d’outils, un garage et un poste d’aiguillage sont construits. La gare elle-même est construite vers 1910. Le bâtiment, bien que n’étant plus utilisé, est toujours visible aujourd’hui. Son architecture est de style chalet suisse, avec son toit débordant. Les gares et les chemins de fer jouent alors un rôle primordial dans le développement du Québec.
Non seulement les chemins de fer permettent-ils la colonisation du territoire, mais les gares jouent aussi un important rôle sur le plan social. En effet, il s’agit d’un lieu d’attraction, de rencontres et de rendez-vous.
Elles constituent aussi un lieu de transactions important pour toutes les marchandises voyageant par train. Enfin, les gares forment un centre névralgique de communication entre municipalités, en étant le point de chute du courrier expédié et reçu, et en abritant le service de télégraphie. La gare est donc un lieu indispensable à Sainte-Thérèse comme dans le reste des municipalités reliées par le réseau ferroviaire québécois.
À partir de 1960, le réseau routier supplante le chemin de fer, obligeant le Canadien Pacifique à mettre un terme au service entre Montréal et Saint-Jérôme. En mai 1997, le train du Nord est remis en fonction entre Montréal et Blainville, car l’Agence métropolitaine de transport désire offrir une mesure d’atténuation des bouchons de circulation, pendant la fermeture du pont Marius-Dufresne qui relie Laval à la Rive-Nord. Cette ligne de transport est permanente depuis l’an 2000 et plus de 8 500 passagers l’utilisent quotidiennement.
La compagnie du chemin de fer Canadien Pacifique a été un employeur fondamental pour Sainte-Thérèse, car plus de 50 membres d’une même famille, les Légaré (descendants de Michel Légaré, père, et de Catherine King), y ont travaillé. Le développement de Sainte-Thérèse est donc intimement lié à son histoire ferroviaire.
Crédit photo : Carte postale « La gare » SHGMÎ, Collection J. G. Gilles Charron et Pauline Ouimet (C005)
En 1889, Thomas F. Foisy fonde, sur la rue Turgeon, la première usine de pianos de Sainte-Thérèse. Son succès, comme industriel, est relatif. Reconnu pour son amour des chevaux de course, il n’apporte à son industrie qu’un effort minimal.
En 1891, Damase Lesage vient à la rescousse de l’entreprise et devient l’unique propriétaire. Dans les années suivantes, Damase Lesage s’associe à Procule Piché et fonde la firme de pianos Lesage & Piché.
Cette association se termine en 1904. Damase Lesage et son fils, Adélard, changent la raison sociale de la compagnie en Lesage & Fils. L’usine fabrique alors 500 pianos par année. En 1911, Adélard est l’unique propriétaire de la Compagnie de pianos Lesage. Il entreprend la construction de l’usine de la rue Lesage. Agrandie en 1916 et en 1926, la firme Lesage a alors une capacité de production de 2 000 pianos par an.
En 1954, Jacques-Paul Lesage succède à son père et le frère de ce dernier, Gérard, prend à son tour la direction de l’usine en 1979. Malheureusement, à cause de questions financières et de la concurrence étrangère, l’usine ferme ses portes en 1986. On peut encore voir, sur la rue Lesage, près de la gare de Sainte-Thérèse, l’imposant édifice de trois étages de l'une des trois plus grandes fabriques de pianos du Canada.
Dès 1987, la vieille fabrique de la rue Lesage est envahie par des artisans, des sculpteurs et des ébénistes, dont le premier à investir les locaux est Pierre Basilières, suivi par plusieurs autres : l’école d’ébénisterie de Normand Laporte sous le nom de « Atelier Pro-Ébéniste », l’artisan Luc Allard, l’ébénisterie de Yvan Daviault, les ateliers E.L.R.D Inc (armoires de cuisines), les artisans Gaétan Thibault, Yvon Basilières, Doris Laflamme, Raynald Thibault (rembourreur), Pierre Poirier, Fernand Morin (sculpteur), Germain Hotte, Luc Couture, Fernand Jolicoeur, etc. Ces artisans occupent les lieux durant une quinzaine d’années, puis la célèbre bâtisse, aux vieilles pierres rouges, redevient silencieuse vers 2005.
La coquille du bâtiment existe encore au 15, rue Lesage, intégrée à l’intérieur d’un complexe de 176 logements pour retraités autonomes qui prend forme en 2007, « Le 15 Lesage », par les firmes Bâtimo et EMD Construction.
Crédit photo : SHGMI Collection Société d'histoire et de généalogie des Mille-Îles (C001)
Ce site est depuis longtemps occupé par une auberge ou un hôtel. Cet édifice serait le troisième à y avoir été érigé. Entre le premier tiers du 19e siècle et les années 1880, le premier immeuble connu sert d’auberge. Il est géré par la famille Constant jusqu’en 1875. L’édifice devient ensuite la propriété des Marcotte.
En 1887, il est acquis par Adrien Matte. La tradition orale rapporte que ce dernier aurait construit sur cet emplacement, en 1887 ou en 1888, un nouvel hôtel, édifice au toit mansardé comprenant trois niveaux et quatre lucarnes. Le 14 avril 1897, Adrien Matte vend l’imposant édifice et ses dépendances à son neveu Josaphat Desjardins.
Une photographie prise en 1903 illustre cet immeuble : un édifice à toit mansardé, comprenant trois niveaux, auquel est annexée au nord-est une vaste écurie.
En 1912, Josaphat Desjardins décide de déplacer l’édifice sur un autre emplacement, rue Blainville Ouest. Il peut alors procéder à la construction de l’actuel hôtel Blainville.
Un plan datant de 1914 confirme que l’édifice est déjà connu sous le nom d’hôtel Blainville. Il compte, à ce moment, une annexe en bois à l’arrière et une série de bâtiments secondaires servant vraisemblablement d’entrepôts et d’écuries.
Comme les activités hôtelières déclinent vers la fin de la Première Guerre mondiale, Desjardins loue une partie de son édifice à la Banque Nationale. Le 31 décembre 1919, la propriété est acquise par Azarias Dubreuil, qui y entrepose des réservoirs à essence.
Différents propriétaires se succèdent puis, J.-Arthur Cloutier, l’un des fondateurs de la Chambre de commerce de Sainte-Thérèse, acquiert l’hôtel en 1928. Il porterait alors le nom d’Hôtel Central. À la mort de Cloutier, son fils Alfred assure la gestion de l’établissement, et ce, jusqu’en 1946. Durant une vingtaine d’années, soit de 1949 à 1969, l’hôtel appartient à l’ancien cultivateur Hyacinthe Legault.
Une photo prise au début du 20e siècle fait voir les qualités de l’imposant bâtiment, révélatrices des tendances architecturales très éclectiques de l’époque. Il suffit de jeter un oeil au magnifique couronnement, recouvert de tôle en plaques, disposé de façon asymétrique en façade. La corniche de tôle avec consoles et motifs incrustés est tout aussi révélatrice des façons de faire du début du 20e siècle.
Crédit photo : œuvre tirée des collections de Bibliothèque et Archives nationales du Québec
L’espace qui accueille aujourd’hui les services administratifs de la Ville de Sainte-Thérèse était jadis consacré à l’enseignement donné aux jeunes filles. En effet, ces lieux étaient occupés par le couvent des religieuses de la Congrégation de Notre-Dame. L’utilisation de l’édifice par la Ville a permis de conserver le bâtiment et ainsi de préserver un élément important du patrimoine thérésien.
Ouvert en 1847, le couvent de Sainte-Thérèse est le projet du curé Charles-Joseph Ducharme qui désirait offrir un lieu d’enseignement aux jeunes filles. Il cède alors une terre d’une superficie de deux arpents aux commissaires d’école de la paroisse Sainte-Thérèse-d’Avila. Le premier couvent y est construit et aménagé par les ouvriers de la paroisse grâce aux souscriptions du curé Ducharme et des habitants de Sainte-Thérèse.
Une demande est adressée à la Congrégation de Notre-Dame afin que deux religieuses soient envoyées pour donner les cours. Le jour de la fête de saint Joseph, le couvent est inauguré. Une petite statue de saint Joseph en cuivre repoussé sur bois, œuvre de l’artiste Joseph-Olindo Gratton est fixée dans une niche de la façade.
En 1892, une annexe de brique est ajoutée au bâtiment. Puis, en 1894, le couvent est restauré et agrandi une nouvelle fois pour répondre aux besoins des élèves et des religieuses qui se font de plus en plus nombreuses. En 1902, l’aile Notre-Dame est ajoutée. Lors de la démolition du couvent, en 1916, ce dernier agrandissement est conservé et forme maintenant la partie arrière de l’hôtel de ville.
Au cours de l’automne 1917, un nouveau couvent est inauguré. Pendant la première moitié du XXe siècle, sa fréquentation ne cesse d’augmenter. En 1938, le pensionnat de Sainte-Thérèse s’affilie à l’Université de Montréal après l’adoption du cours de Lettres et Sciences.
Le pensionnat du couvent de la Congrégation de Notre-Dame de Sainte-Thérèse cesse ses activités comme maison indépendante en juin 1966. À la suite d’une décision de la Commission scolaire de Sainte-Thérèse, le couvent devient l’école Marguerite-Bourgeoys. Un bail lui accorde alors l’usage de dix classes et de huit autres locaux nécessaires à la direction. Une quinzaine de religieuses continuent à donner des cours et à habiter les lieux, assurant ainsi la direction de dix classes pour les filles.
Le 2 juin 1976, la Congrégation de Notre-Dame cède l’édifice à la Ville de Sainte-Thérèse pour la somme symbolique de 1 $. Jusqu’en 1981, il sert de centre culturel. Tout en respectant l’architecture originale du couvent, les autorités municipales rénovent le bâtiment pour en faire l’hôtel de ville l’année suivante; la Ville de Sainte-Thérèse occupe toujours l’édifice. L’espace situé à l’avant a été aménagé pour en faire la Place du Village. Ce parc constitue autant un lieu de détente pour les passants qu’un important centre de diffusion des arts de la scène. Des concerts y sont présentés gratuitement tout l’été.
Crédit photo : œuvre tirée des collections de Bibliothèque et Archives nationales du Québec
En raison de la Seconde Guerre mondiale, la région des Basses-Laurentides et, plus particulièrement la ville de Sainte-Thérèse, a subi des répercussions majeures sur son développement. En effet, l’installation d’une usine de remplissage de munitions, en 1941, sur le Plan-Bouchard, aujourd’hui territoire de Blainville, a entraîné l’arrivée massive de travailleurs et, par le fait même, un urgent besoin de logements de qualité.
La production de l’usine du Plan-Bouchard commence en août 1941. Dès lors, de nombreux employés, hommes et femmes, viennent s’établir dans la région, avec leur famille. À cette époque, comme dans beaucoup d’autres collectivités du pays, les familles s’entassent dans des logements exigus ou partagent une maison modeste. S’installe alors un certain climat de compétition entre les employés des usines, car chacun désire avoir accès à un logement convenable. Comme la pénurie de logements peut nuire à la production industrielle, une solution doit être trouvée rapidement. Il incombe à la société Wartime Housing Limited de trouver la solution au problème général de logements.
À la fin de l’été 1942, un représentant de la corporation visite la région avec les autorités locales pour déterminer le secteur de choix qui pourrait accueillir un nouveau quartier, semblable à ceux construits aux quatre coins du Canada. Afin que les nouvelles maisons aient accès aux services d’aqueduc et d’égout et que les familles profitent des attraits de la ville, il est décidé d’installer le quartier dans un secteur de Sainte-Thérèse situé près de l’usine. La Wartime Housing Limited détient le pouvoir de réquisitionner les terrains et les matériaux dont elle a besoin. Par conséquent, des décrets d’expropriation sont rédigés en septembre et octobre 1942, en fonction des sept rues choisies pour permettre la construction des maisons, soient : l’avenue Bertrand ainsi que les rues De Manteht, Chatelier, Lamarque, Lacroix, Hertel et Monk.
Une fois le secteur du nouveau quartier familial établi, la Wartime Housing Limited s’emploie à aménager l’espace. Elle développe un plan d’aménagement pour y construire cent maisons unifamiliales, expliquant le nom donné aujourd’hui au quartier, et planifie aussi les infrastructures essentielles, comme les rues et les trottoirs, les systèmes d’aqueduc et d’électricité.
Selon la conclusion d’une entente, ces infrastructures appartiendront à la municipalité à la fin de la guerre. Les cent maisons sont toutes semblables; elles sont construites en bois, matériau non indispensable à l’époque pour l’industrie de la guerre. Elles sont sans sous-sol et peuvent être démontées rapidement. Seulement quelques modèles sont disponibles. C’est en mai 1943 que les premières maisons de ce type, construites à Sainte-Thérèse, peuvent être enfin habitées. Toutefois, l’attribution de ces logements se fait grâce à l’accord des dirigeants de l’usine du Plan-Bouchard et les familles désignées emménagent peu à peu.
On trouve des quartiers semblables, près des usines de guerre de presque toutes les provinces canadiennes. Ces développements domiciliaires jettent alors les bases de nombreux autres projets immobiliers, partout au pays.
En 1946, l’usine du Plan-Bouchard devient le Camp Bouchard qui est administré par le ministère de la Défense nationale. L’actif de la Wartime Housing Limited, société responsable de la construction de 45 930 habitations dans tout le Canada, est transféré à la Société centrale d’hypothèques et de logements, qui est connue aujourd’hui comme la Société canadienne d’hypothèques et de logements ou SCHL. Enfin, à Sainte-Thérèse, les cent maisons qui devaient être démontées, déménagées ou détruites à la fin de la guerre sont plutôt transformées graduellement en habitations permanentes, dotées de fondations. Ces nouvelles demeures seront mises en vente, en 1949, selon un ordre de priorité d’acheteurs : d’abord, les habitants des maisons, ensuite, les vétérans de la guerre et, enfin, tous les autres citoyens. Le prix moyen de ces maisons s’élève à 2 450$. Et comme prévu selon l’entente, la SCHL cède à la Ville de Sainte-Thérèse toutes les rues et infrastructures du quartier. Le plan d’aménagement proposé par la Wartime Housing Limited est encore visible aujourd’hui, dans le quartier des cent maisons. Il suffit de comparer les plans anciens à ceux d’aujourd’hui.
Les maisons unifamiliales, toutes semblables, qui devaient disparaître après la guerre sont encore présentes. Cependant, elles ont été graduellement transformées par leurs propriétaires. Bien que chacune possède son cachet particulier, elles ont toutefois conservé des traces de leur architecture d’origine.
En 2012, la Ville de Sainte-Thérèse a souligné le 70e anniversaire de l’expropriation en vue de l’installation du quartier des cent maisons. La Ville désirait ainsi marquer l’importance, pour l’histoire et le développement de Sainte-Thérèse, de ce quartier particulier et des gens qui l’ont bâti, pendant l’effort de guerre des années 1940.
Crédit photo : National Film Board of Canada. Photothèque/Library and Archives Canada/PA-145332
Le 20 août 1927, la Ville de Sainte-Thérèse fit l’acquisition du terrain où se trouve aujourd’hui la Place du Souvenir. C’est Dame Stéphanie Huot, veuve de Napoléon Boismenu, qui lui vendit ce terrain désigné à l’origine comme le lot 32, pour la somme de 7 500 $. Cette acquisition fut faite par la Corporation de la Ville de Sainte-Thérèse dans le but de modifier la configuration de l’intersection des rues Saint Louis et Saint-Charles afin de la rendre plus sécuritaire.
En 1875, un violent incendie détruisit une grande partie de Sainte-Thérèse et la maison alors située sur le lot 32 ne fut pas épargnée. Une nouvelle maison fut toutefois rebâtie et elle servit d’hôtel jusqu’en 1900. Cette dernière demeura la propriété des Boismenu jusqu’en 1927, date à laquelle elle fut vendue à la Ville de Sainte-Thérèse. Au moment des travaux d’élargissement de l’intersection Saint-Louis/Saint-Charles, ladite maison dut être démolie pour de bon, puisque l’espace laissé vacant était trop petit pour permettre la reconstruction d’un édifice. C’est alors que la Ville décida de convertir cet espace en lieu public.
Un parc fut ainsi aménagé au coin des rues Saint-Charles et Saint-Louis. Le 18 juin 1928, cet espace fut nommé parc Perron, en l’honneur de l’honorable J.-Léonide Perron (1872-1930), ministre de la Voirie provinciale en 1921, puis ministre de l’Agriculture en 1929 dans les cabinets Gouin et Taschereau.
Un premier cénotaphe en bois fut érigé à cet endroit en 1948 par la Légion canadienne qui en devint locataire. Sur ce « Monument des braves » étaient gravé le nom des 18 soldats thérésiens morts durant les deux grandes guerres de 1914-1918 et 1939-1945, soit Paul-Émile Brisebois, William-Rupert Burns, Duncan R.H. Cowan, Roland Daudelin, Henri P. Duguay, Georges Filiatrault, Herménégilde Forget, C.A. Hermitage, Osias Jodoin, Henri Le Seize, Marcel Longpré, H.R.D. Patton, Kenneth R. Salmon, Ernest Therrien, A. Thornton, Gérard Vallières, Léo-Paul Viau, Maurice Vuillermet.
En 1965, un cénotaphe de granit remplaça celui en bois et le nom de Rémi Martin décédé lors de la guerre de Corée (1950-1953) y fut ajouté. En 1995, le parc Perron devint officiellement la Place du Souvenir.
L’appareil s’envole de l’aéroport de Dorval à destination de Toronto vers 18 h 28. Quelques minutes seulement s’écoulent avant que l’avion ne s’écrase sur le terrain boisé et marécageux. En effet, une pluie diluvienne avait complètement inondé le terrain et rendait la visibilité presque nulle.
Les témoins de l’accident ont mentionné avoir entendu un sifflement. Puis, une violente explosion aurait secoué le sol au moment où l’avion s’écrasait. L’impact aurait d’ailleurs été tel qu’il aurait provoqué l’éclatement de plusieurs fenêtres de maisons et formé un cratère de 45 mètres sur 22 mètres.
L’incendie qui suit l’écrasement s’est poursuivi toute la soirée empêchant ainsi les équipes de secours de s’approcher du site de l’accident. Aussi, la pluie torrentielle des dernières heures inonde le site et rend le travail des secouristes presque impossible. Pour ajouter aux difficultés, un grand nombre de curieux s’entassent sur la route 11, de chaque côté de l’endroit. Beaucoup de voitures obstruent donc le passage jusqu’au lieu de l’accident et c’est pourquoi la route est réquisitionnée pour permettre le passage des véhicules d’urgence. À cette occasion, l’autoroute des Laurentides est alors ouverte gratuitement aux automobilistes.
Une enquête a été menée par le ministère des Transports afin d’en apprendre davantage sur les circonstances de l’écrasement. La possibilité d’un acte volontaire a rapidement été éliminée, puisque l’explosion s’est produite au moment de l’écrasement. La désintégration de l’avion était si complète qu’il a été difficile de déterminer la cause exacte de l’accident. Il semble qu’une défaillance mécanique expliquerait l’événement.
De plus, l’appareil ne contenait aucune boîte noire, le dispositif qui enregistre toutes les informations d’un vol. Ce mécanisme est d’ailleurs devenu obligatoire au Canada sur les vols commerciaux, suite à cet accident.
Dans la semaine qui suit l’accident, la compagnie aérienne se porte acquéreur d’un terrain dans le cimetière de Sainte-Thérèse, afin d’y enterrer un grand nombre de victimes. Cet espace est converti en jardin commémoratif où l’on peut se recueillir en mémoire des victimes. On y trouve d’ailleurs deux énormes roches provenant du site de l’écrasement et un monument portant le nom des 118 victimes. Des funérailles collectives ont lieu le 20 décembre 1963 et sont célébrées en présence de représentants de diverses confessions religieuses.
L’augmentation graduelle de la population à Sainte-Thérèse a nécessité la transformation et l’agrandissement des principaux bâtiments publics. De la même manière, le cimetière de Sainte-Thérèse a été déplacé et agrandi plusieurs fois afin de répondre aux nouveaux besoins. Le site actuel de la rue Coursol est utilisé depuis 1885.
En 1789, une église de bois fut construite sur les terrains de la fabrique. Un cimetière fut alors inauguré sur le terrain adjacent, près de l’hôtel de ville actuel de Sainte-Thérèse. Cet espace fut utilisé pour des inhumations jusqu’en 1807.
À l’occasion de la construction de la nouvelle église en 1807, l’évêque demanda d’ouvrir un cimetière autour de cette église. Selon la coutume de l’époque, le cimetière paroissial devait en effet entourer l’église. Ce cimetière fut béni en août 1809. L’incendie de l’église en 1885 et la reconstruction de celle-ci entraînèrent un nouveau déplacement du cimetière. C’est à ce moment que le site de la rue Coursol fut ouvert.
Le 10 mai 1885, l’assemblée des marguilliers (membres du conseil d’une paroisse) décida d’acquérir une partie de la terre de Jérémie Deschambault (le coteau de Jérémie) pour l’aménagement d’un cimetière. Au fil du temps, le cimetière dut être agrandi à plusieurs reprises et c’est pourquoi un lot de terrains fut acheté en 1918.
La chapelle du cimetière fut inaugurée en 1886 grâce aux dons de nombreux paroissiens. Certains donateurs furent d’ailleurs inhumés sous celle-ci. Au départ, le clocher de la chapelle imitait les clochetons de l’église. Il fut toutefois modifié en 1970 parce qu’il nécessitait trop de réparations. L’autel et le calvaire sont d’origine et furent offerts par quelques paroissiens. Le chemin de croix du cimetière date, quant à lui, de 1898 et fut restauré en 1982.
Le cimetière compte maintenant plus de 2 500 terrains des deux côtés de la voie ferrée. En 1961, la fabrique fit construire les murs qui longent la rue Brazeau et la ligne des propriétés de la rue Coursol, ce qui permit un nouvel agrandissement.
En parcourant le cimetière, il est possible de s’arrêter devant plusieurs monuments anciens dont certains soulignent l’inhumation de personnages importants de l’histoire thérésienne. Depuis 1978, une statue de la Vierge Immaculée est installée sur le lot communautaire près de la rue Bélanger. Elle provient des terrains de l’ancien Séminaire de Sainte-Thérèse et est un don du Collège Lionel-Groulx.
C’est sous forme d’échanges ponctuels, principalement à saveur culturelle et sportive, que se fait la découverte de chaque municipalité depuis la signature d'un pacte d'amitié entre la Ville de Sainte-Thérèse et la Ville de Lagoa le 27 juin 1994. Lagoa est une ville située sur l’ile de São Miguel dans l’archipel des Açores, au Portugal. Forte de son histoire, la communauté est reconnue pour son esprit de fraternité et sa sincérité profonde.
Afin de souligner le 20e anniversaire du pacte d’amitié, la Ville de Sainte-Thérèse a inauguré le 8 juillet 2014, la Promenade des Açores qui prolonge la Place Lagoa jusqu’à la Rivière-aux-chiens, en présence du Président de Lagoa, M. João António Ferreira Ponte et des déléguées, Mesdames Odete Cabral, Teresa Viveiros et Palmira Bettencourt.
La Place Lagoa, située sur la rue de l’Église, face à l’hôtel de ville, témoigne de l’attachement que la Ville de Sainte-Thérèse porte à sa jumelle portugaise. La Ville de Lagoa a aussi baptisé l’une de ses places Largo de Ville Sainte-Thérèse, afin de reconnaître le lien qui unit les deux communautés.
Les Basses-Laurentides, et plus particulièrement la ville de Sainte-Thérèse, sont le berceau de la plus grande communauté portugaise au Canada. L’Association portugaise de Sainte-Thérèse compte environ 5 000 membres d’origine portugaise répartis sur plus de trois générations.
Pour cette raison, la Ville de Sainte-Thérèse est fière de partager un lien privilégié avec ce peuple en accueillant dignitaires, étudiants, artistes et équipes sportives dans le cadre de divers échanges.
À plus grande échelle, la MRC de Thérèse-De Blainville offre un circuit patrimonial composé d’une sélection de sites situés sur son territoire. Une belle occasion de découvrir notre région et son histoire.
Dessins d’exécution reproduisant des composantes d’architecture ancienne